Publicité
Publicité

Accueil » Crédit » Financement participatif » Et si l’esprit du crowdfunding était mort ?

Et si l’esprit du crowdfunding était mort ?

3

Dans la lignée des plateformes de financement participatif américaines, Unilend, Lendix, Lendosphere ou encore Finsquare, des acteurs prépondérants de ce secteur en France, ouvrent leur plateforme aux investisseurs institutionnels. De quoi rompre avec la volonté initiale du crowdfunding de permettre aux particuliers de financer directement des petites entreprises.

les investisseurs institutionnels s'intéressent au crowdfunding
Rate this post

Permettre à tout un chacun de participer à la création d’entreprises locales, telle est l’ambition originelle du financement participatif. Cette volonté initiale est pourtant sur le point de, au mieux s’atténuer, au pire, de disparaître.

En effet, depuis l’année dernière et dans la lignée de ce qu’il se passe aux Etats-Unis, les plateformes de financement participatif ouvrent de plus en plus leurs portes aux fonds de pension, banques et autres assureurs, au risque de dénaturer l’esprit B2P (des particuliers aux entreprises) des plateformes de crowdlending.

Les françaises Unilend, Lendix et Lendosphere misent sur les investisseurs privés

Unilend a ainsi annoncé en janvier 2015 que la banque en ligne Groupama Banque allait investir 100 millions d’€ sur 4 ans dans les projets présentés sur cette plateforme.

Plus récemment, depuis fin 2015, Lendosphere accepte les fonds de personnes morales (fonds d’investissement, acteurs de la banque et de l’assurance, mais aussi d’entreprises). La plateforme ambitionne « une forte mobilisation de leur part en 2016 ».

Levée de fonds Lendosphere

A lire aussi

Success Story : Lendosphere lève 1 million d’€ en une seule opération pour un parc éolien !

Lire la suite

D’autres acteurs français rationalisent encore davantage la pratique en intégrant dans leur stratégie des quotas de financements issus de professionnels. C’est le cas de Finsquare qui s’est fixée en 2016 l’objectif de financer 30 % des montants prêtés par des fonds. D’ici 3 ans, la plateforme souhaite porter ce chiffre à 90 %.

Plus impressionnant, les statistiques actuels de Lendix. Déjà plus de ¾ des sommes prêtées proviennent d’investisseurs institutionnels. Lendix ne s’en cache pas, ces données sont publiques et mises en avant sur le site. « Nous faisons appel aux institutionnels de manière massive dès le démarrage, car c’est de là que viendra la croissance et c’est ce qui nous permettra de financer plus de dossiers », explique son fondateur Olivier Goy.

Une stratégie de développement incontournable ?

Selon Polexandre Joly, cofondateur de Finsquare, « le grand public doit encore être évangélisé. Recourir à des institutionnels offre la possibilité d’attendre l’atteinte du mass market ». Autrement dit, faire appel à des investisseurs professionnels permettrait aux plateformes de se développer, de rassurer les particuliers et de les inciter à prêter.

Boom sites de finance participative

A lire aussi

Boom des sites de finance participative

Lire la suite

Rassurer des particuliers frileux à investir, c’est probable, mais avec un risque bien réel: celui d’évincer certains projets du crowdfunding, une solution pourtant conçue comme une alternative au prêt bancaire.

En effet, que deviendront les projets délaissés par les investisseurs privés ? Est-ce que les particuliers ne vont pas se dire « aucun professionnel mise sur cet entrepreneur, c’est probablement parce que son projet est risqué, je n’y vais pas ». Un raisonnement qui n’est pas totalement absurde pour un investisseur particulier, mais qui est contraire à l’idée initiale du financement participatif, à savoir : permettre à des projets risqués et/ou à la rentabilité moins certaine (comme les projets de l’économie sociale et solidaire) de pouvoir se financer.

Cet esprit d’origine est encore porté par plusieurs plateformes. « On vient du crowdfunding, pas de la finance », s’insurge Vincent Ricordeau, fondateur de Kisskissbankbank, d’HelloMerci et de Lendopolis. « On réservera une part de 30 % à 40 % sur chaque projet aux institutionnels, pas plus, car nous voulons que la majorité des fonds continue de provenir de particuliers ». Un avis partagé par le directeur d’Unilend : « au Royaume-Uni, la plateforme Zopa ne prête qu’à des particuliers et a très bien réussi, donc c’est possible. »

Des sources de financement rapides mais non dénuées de risques

En fait, faire appel à des investisseurs institutionnels est surtout plus facile pour la plateforme à court terme. Les montants prêtés sont conséquents, ce qui permet de financer plus rapidement et davantage de projets. La contrepartie peut être par contre lourde de conséquences. Que se passe-t-il si l’investisseur se retire, s’il arrête de prêter ? La plateforme perd son vivier de financements, sa crédibilité et son gagne-pain.

Des plateformes à caractère éthique à la rescousse des porteurs de projets

Le secteur de la finance participative est encore très récent en France, il a donc besoin d’un petit coup de pouce pour réellement s’imposer comme une source de financement alternative aux prêts bancaires. Un petit coup de pouce qui peut très bien venir de fonds et autres investisseurs professionnels, mais qui ne doit pas prendre le pas sur les prêts offerts par les particuliers. Oui aux investisseurs institutionnels pour fluidifier le crowdfunding. Non aux investisseurs qui trient, sélectionnent et détournent les petits porteurs de projet du crowdfunding.

Qu’on se rassure l’esprit du financement participatif n’est pas encore mis au rebut. Il existe en effet aussi des plateformes à caractère éthique et sociale, des plateformes pour financer des entreprises locales qui comptent principalement sur le soutien des particuliers. Citons par exemple 1001pact.com qui propose aux épargnants de devenir actionnaires de projets de l’économie sociale et solidaire, c’est-à-dire de projets qui répondent à des besoins délaissés par les entreprises traditionnelles car jugés moins rentables (vêtements éthiques, instruments médicaux pour un type de maux bien spécifiques, projets associatifs etc.).

Crowdfunding succès et échecs

A lire aussi

Crowdfunding : les succès et les échecs

Lire la suite

3 COMMENTAIRES

  1. Le crowdfunding est un moyen intéressant de développer ses projets mais est-il sûr ? On voit tellement d’arnaques aujourd’hui que c’est à se poser la question..

  2. Le crowdequity est en effet risqué, vous devenez actionnaire de l’entreprise dans laquelle vous investissez. Votre rétribution dépendra donc de la bonne santé financière de l’entreprise. Toutefois, si vous souhaitez investir sur une plateforme de crowdfunding, sans prendre trop de risque, privilégiez le crowdlending. Les entreprises ou les particuliers que vous financez sont sélectionnés rigoureusement de sorte que leur risque de défaut est faible.

LAISSER UNE RÉPONSE