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Tout savoir sur la finance islamique

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Tout savoir sur la finance islamique
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En plein boom, la finance islamique se veut être plus juste, plus éthique et plus transparente que la finance traditionnelle. Elle connaît depuis une quinzaine d’années une forte croissance. Comment fonctionne-t-elle ? A qui s’adresse-t-elle ? Explications.

La finance islamique désigne des pratiques bancaires conformes aux principes du Coran. Les produits vendus et les transactions réalisées doivent donc respecter de nombreuses règles.

Sont ainsi prohibés :

  • le « riba » (l’usure) : le prêt à un taux d’intérêt excessif ;
  • le « gharar » (l’incertitude) : toute transaction induisant une incertitude et un risque excessifs ;
  • le « maysir » (les jeux de hasard) : la spéculation ;
  • le financement d’activités dites « haram » (interdites) : la pornographie, l’alcool, le tabac ou les jeux d’argent notamment.

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La finance islamique repose aussi sur deux obligations. Tout d’abord le « Moucharaka », c’est-à-dire le partage équitable des profits et des pertes entre tous les participants. Les investissements doivent également financer l’économie réelle. Les produits dérivés sont donc interdits.

Pour surveiller le respect de ces principes, chaque banque dispose d’un organe collégial chargé d’assurer la conformité des transactions. C’est ce qu’on appelle les « Sharia Boards ». Ils sont composés de 4 à 7 « Oulémas » (littéralement « savants »), le plus souvent des imams, assistés de professionnels de la banque et de la finance.

Hormis ces piliers, la finance islamique est un marché classique.

Quels produits financiers sont proposés ?

Pour se financer les entreprises ou particuliers ont recours principalement au « moudaraba », une sorte de prêt sans usure. Le principe : c’est la banque qui acquiert un bien pour son client. Celui-ci lui rembourse en une ou plusieurs fois le montant de l’achat, majoré d’une commission fixe déterminée à l’avance. Lorsque le client a terminé de rembourser, la banque lui transfère la propriété du bien. Cette technique concerne aussi bien l’achat de machines, de matières premières, de biens immobiliers que d’actions et aux obligations.

Également très courant, l’«Ijara », semblable au crédit-bail. Comme dans le « moudaraba », la banque achète le bien pour un client, puis lui loue pour une période donnée.

Autre produit emblématique, le « moucharaka ». Il est souscrit notamment pour financer la création d’entreprise. Il s’agit d’un partenariat entre l’entrepreneur et la banque. La banque apporte des ressources qui vont gonfler les capitaux propres de l’entreprise. C’est comme si elle en devenait actionnaire. À ce titre, la banque en tant que co-propriétaire reçoit une part des profits à hauteur du capital investi, mais assumera aussi les pertes en cas de défaut. La participation de la banque peut être durable (« moucharaka définitive ») ou bien temporaire (« moucharaka dégressive »).

Il existe aussi l’« istisna’a ». C’est un contrat qui est particulièrement adapté au financement de biens tangibles, des bâtiments par exemple. En effet, l’« istisna’a » met en relation un donneur d’ordres (« moustasni’i) et un maître d’ouvrage (« sani’i »). Le premier charge le second de lui fabriquer un bien, moyennant une rémunération payable d’avance, de manière fractionnée, à mesure que le bien est construit, ou à terme. Dans cette opération, la banque joue le rôle de maître d’œuvre.

Enfin les « sukuks » ressemblent aux obligations conventionnelles à la différence que l’acheteur ne reçoit pas d’intérêts. Le sukuk n’est pas une reconnaissance de dette. Il s’agit d’un titre donnant à son détenteur une partie de la propriété de l’actif et donc une partie des bénéfices (mais aussi des pertes) qu’il génère. Il existe plus d’une dizaine de « sukuks » différents, chacun étant lié à un type d’actif (immobilier, services, agriculture…)

Le poids de la finance islamique en France

La finance islamique est née en 1975 avec la création de la Dubaï Islamic Bank. Depuis sa croissance est impressionnante. Selon le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, les avoirs des banques islamiques ont été multipliés par 9 entre 2003 et 2013 pour atteindre 1 800 milliards de dollars. Ce secteur pourrait peser 4 000 milliards de dollars en 2020.

Elle n’intéresse pas uniquement les investisseurs du Moyen Orient. En juin 2014, le Royaume-Uni est devenu le premier émetteur occidental de « sukuk », à hauteur de 323 millions de dollars. En France, il n’y a pas encore eu d’émission de dette publique de « sukuk », mais le gouvernement a assoupli en 2008 la fiscalité sur les produits de la finance islamique afin d’attirer les investisseurs du Proche-Orient.

Au niveau des banques, plusieurs établissements français, comme la Société Générale, BNP Paribas et le Crédit Agricole, sont présents sur ce marché.

Où peut-on investir ?

Principalement sur Internet. Mais ça va prochainement changer. En effet, cet été la start-up spécialisée NoorAssur a ouvert la première banque islamique de France. Elle se situe à Chelles en Seine-et-Marne. Créée en 2012, NoorAssur n’opérait avant que sur Internet. Mais pour développer son activité, elle ambitionne d’ouvrir une vingtaine d’agences supplémentaires en 2016. La start-up espère ainsi élargir le public visé. Actuellement, selon son directeur du développement, 15 % de ses clients ne sont pas de confession musulmane.

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