Marre de payer des frais de tenue de compte ? Ça pourrait être pire…
Selon une dépêche Reuters, la banque allemande Raiffeisenbank compterait facturer à hauteur de 0,40 % les dépôts de ses clients les plus riches pour compenser les taux négatifs de la Banque Centrale Européenne (BCE)… Possible en France ? Ben non, on a déjà les frais de tenue de compte ! C’est donc à ça qu’ils servent ? On l’espère.
Comment la banque Raiffeisenbank a pu en arriver là ?
Depuis 2 ans maintenant, la Banque Centrale Européenne mène une politique de taux négatifs. Autrement dit, les dépôts effectués par les banques auprès de la BCE qui sont « normalement » rémunérés, sont actuellement taxés. Cette taxe s’élève à 0,40 %. Résultat : les revenus des banques en sont pénalisés.
Mais, « jusqu’à présent, souligne la rédaction des Echos.fr, les établissements n’avaient osé répercuter le taux négatif de la BCE qu’à leurs grands clients institutionnels, et, pour quelques-unes, à leurs clients entreprises ». Eh bien, c’était sans compter sur la banque bavaroise Raiffeisenbank qui s’apprêterait à prélever une commission de 0,40 % sur les dépôts des particuliers dont l’avoir dépasse 100 000 €.
À partir de septembre, pour un compte d’épargne de 100 000 euros, la Raiffeisenbank prélèvera des frais de 0,4 pour cent, ce qui représente!
— Marcotte Pierre (@MarcottePierre1) 15 août 2016
Cette décision vaudrait même au patron de la banque Josef Paul, les félicitations de ses confrères qui « saluent son courage », poursuit le journal. On n’a pas tous la même définition du mot…
Taxer les dépôts des particuliers : omerta brisée ou coup de folie ?
En France, il n’y a pas de précédent. Pour répercuter les taux négatifs de la BCE, nos banques ont la « décence » de taxer « les grands clients institutionnels, et, pour quelques-unes, leurs clients entreprises ». Ainsi, « en France, le groupe BPCE a été le premier à assumer, au printemps, cette facturation des dépôts « quand la taille de la trésorerie est significative » ».
Mais de là à facturer les dépôts des particuliers, quand bien même ces derniers disposeraient d’un avoir de 100 000 € sur leurs comptes à vue… Un scénario pas près d’arriver en France selon Les Echos puisque les épargnants auront vite fait de « sortir leur argent de leurs comptes pour le mettre à l’abri sous leur matelas ». Autrement dit, ils se passeront de leur compte bancaire et donc des banques…
Celles-ci ne pouvant décemment pas se passer de clients, c’est la « stabilité financière » qui en prendrait un coup. Ce scénario catastrophe étant bien compris de ce côté du Rhin, « la plupart des grandes banques […] ont préféré, jusque-là, contourner la facturation des dépôts en tarifant des services autrefois gratuits ». Et c’est peut-être la raison pour laquelle l’année 2016 s’est accompagnée en France de la généralisation des frais de tenue de compte, désormais facturés par la quasi-totalité des banques traditionnelles. Selon une étude Panorabanques, 83 % des Français en paient en 2016 contre 57 % en 2015. On a bon ?
Guillaume Sarthoulet