Les fonds en euros sont-ils en danger ?

Un taux de rendement en baisse

Selon un sondage* « Les Français face à leur épargne » réalisé par OpinionWay pour la Fédération d’associations d’épargnants en décembre 2016, vous êtes 50 % à détenir un contrat d’assurance-vie. Il faut dire que la formule a de quoi plaire ! Outre son cadre fiscal avantageux, l’assurance-vie permet à la fois de se constituer une épargne longue et de transmettre un capital à ses proches. Les fonds en euros de l’assurance-vie sont également un produit qui rassure, grâce à la garantie sur le capital et aux intérêts accumulés.

La rentabilité du placement pourrait toutefois être menacée à moyen terme. Tout d’abord, les prélèvements sociaux – qui sont puisés chaque année à la source par les assureurs – vont augmenter de 15,5 % à 17,2 % en 2018.

Mais le facteur principal pour expliquer la baisse du taux de rendement réside ailleurs. Comme vous adorez les fonds en euros, les assureurs doivent les alimenter avec des obligations. Or, avec des taux d’intérêts très faibles depuis quelques années, les obligations rapportent de moins en moins. Cette baisse se répercute forcément sur les niveaux de rendement des fonds en euros. Ils sont ainsi passés de 2,5 % en 2013 à 1,90 % cette année. Et la tendance ne va pas s’inverser de sitôt : les titres peu rentables dans lesquels les assureurs investissent resteront plusieurs années dans le portefeuille. Bilan, à mesure que la part de titres anciens, plus rentables, diminue les performances des fonds en euros devraient donc continuer à décroître.

Vers une rentabilité négative ?

Selon le cabinet Facts & Figures – une référence en la matière – les rendements des fonds en euros devraient atteindre leur niveau le plus bas en 2018. Facts & Figures anticipe ainsi un rendement autour de 1,4 % sur cette période. Au-delà, le cabinet prédit une remontée progressive.

Si les pronostics de Facts & Figures se réalisent, investir dans les fonds en euros pourrait vous faire perdre du pouvoir d’achat ! Le calcul est simple : un taux de rendement moyen de 1,4 % représenterait 1,15 %, une fois soustraits les 17,2 % de prélèvement sociaux. Le rendement net crédité sur votre compte serait alors inférieur au taux d’inflation, estimé à hauteur de 1,2 % en 2018 selon l’OCDE. En bref… les prix augmenteraient à un rythme plus soutenu que les revenus générés par votre épargne.

Pour éviter ce scénario noir, les assureurs disposent de deux « cagnottes » :

• la provision pour participation aux bénéfices, qui représente 3 % des sommes gérées selon l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR)
• la réserve de capitalisation, qui correspond  à 1,4 % des sommes gérées selon l’ACPR

Ils pourraient y piocher pour garantir un niveau de rendement supérieur à celui de l’inflation.

Malgré un contexte défavorable, les fonds en euros ont encore quelques beaux jours devant eux. Ce produit est en effet 100 % sûr. Il restera également plus attractif que les 0,75 % du livret A. Mais face à la baisse de son taux de rendement moyen, peut-être devriez-vous vous tourner vers d’autres produits d’épargne. Voire, pour les plus joueurs d’entre vous, vers les unités de compte.

*Sondage réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 Français, interrogés en ligne en décembre 2016.

Paul Atz